Wataro
Le rendez-vous était d'importance et ma supérieure héraldique, l’impitoyable Ana Mirena m'avait enjointe à la plus grande discrétion.
Ce midi, je rencontrais Axo ( alias Ach, so ! )et Mademoiselle Thérèse Campette, notre fidèle secrétaire avait réservé une table dans un Japonais, afin que j'y retrouve l'Italo-Allemand sans éveiller les soupçons. Munie de mon GPS dernier cri, fonctionnant sur batteries d'uranium ou à défaut avec une goutte de gasoil, mais ne disposant encore que de la traduction créole, je m'acheminai sur la chaussée de Bruxelles que j'empruntai, à la seconde reprise, dans le bon sens.
Pour l'occasion, j'avais revêtu une jupe assez simple dans les tons vert pistache ainsi que le petit chemisier à fleurs qui m'avait fait craquer lors de ma dernière mission à Oulan Bator.
La partie adverse était en retard. Triste aveu d’infériorité.Qu'à cela ne tienne, je mis ce temps à profit pour observer les lieux. Le cadre était simple et très lumineux. L’allure minimaliste de la pièce avec ses tables en bois blanc était rehaussée par un comptoir qui semblait taillé par de fiers et robustes bûcherons nippons dans la masse-même de l'arbre et qui me servirait à coup sûr de protection si les choses tournaient mal. Je déplorais cependant que les murs, couleur vert Wasabi ne soient pas assortis à ma petite jupe estivale.
Ach ( c'est toujours avec une déconcertante facilité que je me mets au diapason de l'interlocuteur ), voilà Axo qui paraît. Un peu énervé …Heureusement, l'accueil extrêmement sympathique qui nous est fait efface le rictus pointant sous sa moustache. Un moment, j'ai cependant craint que pendant l'explication sur le maniement des pinceaux, il ne sorte son Mauser, ou pire le nunchaku qu'il porte toujours autour du ku ( pardon, je m'emmêle parfois un peu les baguettes ) mais les sourires du Soleil Levant ont eu raison de son regard d'acier trompé.
C'est finalement, en toute quiétude que nous avons partagé une très bonne cuisine japonaise : un peu de Sushi – les microfilms sont en sécurité – un rien de Sashimi – les Croates ne sont pas sur l'affaire – potage aux nouilles et au porc pané – on l'a échappé belle – poisson cru et riz vinaigré – d'ici trois semaines, nos troupes quitteront le territoire.Afin de garder les idées claires, la tête froide et l'Eglise au milieu du visage, nous n'avons pas pris de vin ( ce que je juge d'ailleurs fort judicieux, la finesse des mets ne saurait que souffrir de la puissance de ce breuvage ). La carte, astucieusement réduite, ne proposant que quelques bouteilles pour plaire aux irréductibles.
Ma foi, ce fut un bien agréable repas, tout en saveurs et en respect du protocole ainsi que du budget serré des Services Secrets ( un lunch, entrée, plat pour 12 Euros ) et bigre, pour le commun des mortels, surfant en toute innocence sur la vague des choses futiles et bon enfant, cet endroit est à conseiller, municipal bien sûr.
Bons baisers de partout.
Agent 53